Interventions de Denis Marchetti, Charlotte Picard et Pierre Laurent sur la démocratie participative :
Adieu la démocratie participative !
Dans leur premier budget, François Grosdidier et sa majorité ont décidé de supprimer la part qui revenait à la démocratie participative. Ils ont rayé cet élan citoyen et ce bel outil d’un trait de stylo, avec leur mépris habituel. A la place ? Paternalisme et entre-soi à toutes les échelles de la politique locale. Nos élus sont intervenus sur ce sujet au conseil municipal de ce jeudi 4 février.
Denis Marchetti en premier lieu : « C’est assez en ligne avec une conception historiquement bien ancrée à droite d’un exercice du pouvoir vertical, centralisé et descendant. Par ailleurs, vous opposez sans aucune raison les budgets participatifs aux mairies de quartiers, or il est tout à fait possible d’avoir les deux, cela n’a absolument rien d’incompatible et c’est d’ailleurs ce que nous avons proposé dans notre budget alternatif. Mais il y a tout de même des choses que vous négligez avec une telle vision : 1) c’est objectivement un des seuls outils qui permet aux citoyens d’intervenir sur une question cruciale : le budget de la collectivité ; 2) il redonne aux citoyens un pouvoir d’initiative et leur offre la possibilité de mettre à l’ordre du jour des projets qui n’étaient pas des priorités de la collectivité ; 3) il transforme le rôle de l’administration, qui doit mettre son expertise à la disposition des citoyens pour approfondir, chiffrer, trouver des solutions à des problèmes ; 4) il reconnaît et encourage l’imagination et la créativité citoyennes. »
Charlotte Picard ensuite, sur les mamailles concernant le Conseil des seniors :
« Je note que vous souhaitez changer le règlement intérieur du Conseil des Séniors. Pour en réduire leur présence, et je ne comprends pas très bien. Avec votre changement de règlement intérieur, vous réduisez à 20 places leurs possibilités. De plus, vous souhaitez voir apparaître 5 représentants d’associations opérant dans le champ du vieillissement. Si je me permettais Monsieur le Maire, je vous rappellerais que Metz a une longue histoire de désamour du pouvoir central et autoritaire, qu’elle a toujours préféré les Paraiges au Duc de Lorraine, et que ces nominations y sont toujours suspectes car bien souvent inutiles. »
Lorsque Stéphanie Changarnier, conseillère municipale déléguée à la politique senior, s’est justifiée en arguant que les citoyens avaient besoin d’être encadrés car « comme tout bon chef d’entreprise, pour mener à bien une stratégie, il nous apparaît nécessaire de mettre des personnes qualifiées et professionnelles pour travailler », notre élu Pierre Laurent a enfoncé le clou : « Je suis effaré par les explications qui viennent d’être données. Apparemment vous avez une vision très spéciale de la démocratie participative. En bon chef d’entreprise, vous considérez qu’il faut aiguiller les citoyens qui ne peuvent pas penser par eux-mêmes. C’est affligeant. Quand est-ce que vous comprendrez qu’une collectivité ne se gère pas comme une entreprise ? »
Le lien vers les débats et la délibération.
Intervention d’Hanifa Guermiti sur la provocation que représente l’augmentation de… 5 euros de subvention pour le club de football de la Grange-aux-bois :
« 5 euros ! Voici le montant que vous avez choisi pour récompenser les efforts de l’AS Grange aux Bois. Efforts sportifs, mais aussi efforts citoyens, pour amener et encadrer les enfants et les jeunes vers la discipline sportive, le challenge, et le sens du collectif. Monsieur le Maire, les clubs sportifs, les clubs de proximité, souffrent. Les licences ne sont plus souscrites. Les buvettes ne sont pas ouvertes. Un modèle de citoyenneté, d’encadrement des plus jeunes, est en train de s’effondrer. Tout le monde est mobilisé : cagnottes en ligne, aide exceptionnelle de l’Etat, de la Région, de la fédération française de football. Pendant ce temps, que fait-on ici ? Ici, nous chiffrons le montant de ce soutien indéfectible, porté à … 5 euros ! Ici, nous faisons notre marché parmi les clubs sportifs, au gré de leur docilité plus que de leurs performances. Ici, nous échappons à la crise. Votre rapport n’en parle que pour récupérer l’argent. Ici, il semble que nous soyons hors-sol. Ou plutôt en campagne électorale permanente. Si c’est une stratégie, c’est bien celle du mépris. Monsieur le Maire, Entendez la voix de ce club. Entendez la voix de tous les clubs, sans distinction. Ils attendent beaucoup mieux de nous. »
Le lien vers les débats et la délibération.
Intervention de Nicolas Tochet pour demander de véritables moyens afin que la culture puisse faire face à une des pires crises de son histoire :
« Monsieur le Maire, cher.e.s collègues,Nous voterons bien entendu pour cette reconduction quasiment à l’identique des contributions aux deux composantes de la Cité musicale-Metz : l’EPCC Metz en Scènes et l’Orchestre national de Metz. Et je brise le suspense sur les points suivants, nous voterons aussi le soutien au dispositif DEMOS et aux festivals que sont Passages, le Livre à Metz et Hop Hop Hop. En effet, dans cette crise sanitaire, depuis maintenant presque un an, ces acteurs culturels ont continué de travailler. Trop souvent en vain, hélas, faute d’une visibilité dont ils sont privés par les mesures gouvernementales. Alors ils ont reporté, annulé, repensé, reprogrammé, bref ils ont tout essayé. La Cité musicale a ainsi organisé des spectacles dès que c’était possible (nous sommes quelques-uns dans cette assemblée à nous y être croisés). Et elle a permis l’accueil de résidences quand l’organisation d’un concert devenait prohibée. On oublie souvent ce travail de fond, celui de la création, qui nécessite des salles, du temps, des équipes techniques et donc des moyens. Et c’est d’ailleurs finalement naturel d’oublier cette étape, puisque c’est le travail terminé, le rendu final, qui est présenté au public. Mais il s’agit bien là d’un travail essentiel et je crois qu’on espère tous impatiemment de pouvoir en applaudir les résultats, en tant que spectatrices et spectateurs, dans les mois qui viennent. Et sans oublier les actions de médiation qui ont continué à être menées, les concerts filmés et retransmis, le fonctionnement des studios de répétitions… Il est donc heureux que notre collectivité continue à soutenir la Cité musicale, qui aura été loin d’être une institution “à l’arrêt” malgré la crise que nous traversons.Mais je me permets de lever une inquiétude, qui est celle que nous pouvons avoir pour les artistes, les compagnies, les structures culturelles qui sont en dehors des radars. Qui n’étaient pas subventionnés jusqu’ici, qui démarraient leur activité, qui étaient émergents, et dont la crise sanitaire a coupé un développement qui pouvaient s’avérer prometteur. C’est peut être ici que la “stricte reconduction” des soutiens précédents trouve sa limite.D’autres collectivités, je pense ici à Lyon, ou à Toulouse, par exemple, ont effectivement fait le choix d’un fonds d’urgence pour la culture, qui permet aux acteurs culturels de déposer un dossier d’aide exceptionnelle. Les bénéficiaires étaient des structures parfois déjà subventionnées, mais pour lesquelles les ressources propres se sont effondrées subitement du fait de la crise et pour lesquelles la stricte reconduction ne suffit pas. Ou d’autres, comme je le disais, hors du champ d’intervention habituel de la collectivité, et pour qui la reconduction n’est donc pas une solution.Nous savons que la collectivité ne peut pas tout. Nous savons aussi les services du Pôle Culture attentifs aux difficultés des associations qu’ils suivent. Mais un signal envoyé en ce sens à l’ensemble du monde culturel de la ville, et pour sortir du champ de ce conseil, vous m’en excuserez, de la métropole, y compris ceux qui peuvent être en marge des circuits d’aides publiques habituels, serait à notre sens une belle initiative. C’est pourquoi nous faisons cette proposition, en dehors des reconductions des contributions et subventions que nous votons ensemble ici, la création d’un fonds de ce type, un fonds local d’urgence pour la culture.Cette crise n’est pas terminée loin de là, ses conséquences sont encore devant nous, et il n’est pas trop tard pour que nous décidions collégialement une mesure de ce type. Je vous remercie. »
Le lien vers les débats et la délibération.